Pénurie de personnel : le LCH lance un « plan d’action pour un enseignement

Trois sujets pour la rentrée des classes :

1. Encore une année scolaire qui commence avec des solutions de fortune. L’Association faîtière du corps enseignant de Suisse alémanique (LCH) en a assez du bricolage pratiqué par les cantons. Elle lance avec ses sections cantonales un « plan d’action pour un enseignement de qualité » pour lutter contre la pénurie de personnel dans les écoles.
2. Violence à l’école : le Syndicat des Enseignant.es Romand.es (SER) observe avec inquiétude l’évolution de la situation. Le président du SER l’affirme : « Les autorités ne peuvent pas regarder sans réagir les enseignantes et les enseignants se faire menacer. »
3. L'intelligence artificielle défie l'école. Mais les interdictions ne sont pas la solution. Les associations d'enseignant.es entendent contribuer à instituer une approche responsable de la technologie du futur.

Contre la pénurie de personnel, un « plan d’action » supracantonal « pour un enseignement de qualité »

On a une impression de déjà-vu : pour l’année scolaire à venir aussi, juste avant les vacances d'été, d'innombrables postes étaient vacants. Les écoles restent tributaires d'un personnel sans formation pédagogique. Dagmar Rösler, présidente centrale de la LCH, a déclaré aux médias le 10 août 2023 à Berne : « Les cantons savent, au moins depuis le Rapport sur l'éducation 2018, qu'il faut faire quelque chose. Pourtant, ils n'ont pas agi ou bien trop tard seulement ». En conséquence, pendant une année supplémentaire, nous devrons recourir à des solutions de fortune. Or, la LCH et les associations cantonales d'enseignantes et d'enseignants de Suisse alémanique n’en veulent plus. Voilà pourquoi ils lancent un « plan d’action pour un enseignement de qualité » supracantonal, dont l’objectif est de garantir, aujourd’hui et demain, une qualité d'enseignement élevée et pérenne. La campagne, qui démarrera cet automne et s'appuie sur une enquête conduite auprès de la population, vise à sensibiliser le public et, grâce à des instruments politiques, à contraindre les politiques à agir dans les faits. Les enseignant.es ont besoin d'une formation de qualité et de conditions de travail appropriées. Tel est le cas de toutes et tous les professionnels dans les écoles. Par ailleurs, des adaptations structurelles s’avèrent nécessaires si l’on veut pouvoir maintenir la qualité de l'enseignement dispensé aux élèves à un niveau élevé.

La violence à l’école – aussi en Suisse romande

Début 2023, l’étude intitulée « La violence vécue par les enseignant.es » , menée par l’Association faîtière du corps enseignant de Suisse alémanique (LCH), a mis en évidence la problématique de la violence exercée envers les enseignant.es en milieu scolaire. L’enquête a révélé qu’au cours des cinq années écoulées, deux enseignant.es sur trois ont subi des violences psychiques ou physiques. En Suisse romande aussi, notamment dans le Jura, des enquêtes similaires ont confirmé les constats dressés en Suisse alémanique. Les résultats publiés par le Syndicat des enseignants jurassiens montrent que plus d’un professeur sur deux a été victime de manifestations de violence physiques ou verbales, voire d’une forme de harcèlement, durant les cinq dernières années. Les résultats de cette enquête et ceux du sondage mené en parallèle par le Département jurassien de la formation sont très similaires. D'autres cantons romands prévoient d’effectuer ce type d’analyses, car le phénomène inquiète bien sûr le corps enseignant, mais aussi les autorités et les parents. Le SER attire l'attention sur la nécessité de trouver des solutions ensemble en vue d’approfondir la question. Pour le président du SER, David Rey, une chose est sûre : « les autorités ne peuvent pas regarder sans réagir les enseignantes et les enseignants se faire menacer ».

L'intelligence artificielle dans les écoles

En un rien de temps, les textes rédigés par ChatGPT et les images générées par Dall-e ont fait de l'intelligence artificielle (IA) un thème dominant. La LCH et le SER voient, dans l’utilisation de l'IA à l’école, tout à la fois des potentiels et des défis à relever. Tous deux plaident pour que sa mise en œuvre soit le fruit d’une approche méticuleuse et systématique. En l'occurrence, il s'agit pour l’essentiel de la responsabilité qui incombe à l'école de préparer les élèves à utiliser les technologies numériques de manière compétente et responsable. C'est aussi la raison pour laquelle les deux associations s’opposent à l’interdiction des outils de l'intelligence artificielle, mais plaident en faveur de stratégies pédagogiques pertinentes, visant à assurer une utilisation appropriée de ChatGPT & Co. Outre une formation continue ad hoc, les enseignant.es ont besoin d'une assistance qualifiée sur place. Sans oublier les réglementations nationales et internationales relatives à la protection et à l'utilisation des données pour les outils de l’IA. Les établissements scolaires ont besoin de normes éthiques pour l'utilisation de ces outils à l’école.